Pièce maitresse, s’il en est, du soft power, la culture a de tous temps eu un impact majeur dans les relations internationales. Ce concept, défini par le théoricien Joseph Samuel Nye Jr à la fin du 20e siècle, introduit une nouvelle vision de la puissance d’un État. Historiquement quantifiée sur une base militaire ou économique, la domination d’un pays s’exprime désormais sur sa capacité à séduire au-delà de ses frontières. Si l’antagonisme entre l’URSS et les États-Unis s’est cristallisé autour de la conquête spatiale, la danse classique y a également joué un rôle proéminent.

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La danse comme outil de séduction
Très vite durant la guerre froide, les deux protagonistes comprennent l’enjeu du soft power. S’il n’est pas encore théorisé, il est en revanche déjà mis en pratique. En 1950, l’agence américaine des renseignements, la CIA, lance secrètement le Congress for Cultural Freedom – en français : le congrès pour la liberté de la culture. Association culturelle anticommuniste fondée à Paris, elle est un moyen pour l’Ouest de contrer l’idéologie de l’Est en utilisant l’art comme levier. À ce titre, de nombreux ballets américains seront organisés dans la « ville lumière ». Très friands de ce type de danse, les critiques français saluent la tournée étatsunienne.
La riposte soviétique
Quatre ans après la création du CFCF, Nikita Khrouchtchev, chef de gouvernement de l’union soviétique, élabore lui aussi un plan pour conquérir l’Europe des idées. Pour cela, le Ballet du Bolchoï (composé de certaines stars de l’époque telles que Galina Oulanova) est lui aussi dépêché en France. Cependant, à la suite d’incidents diplomatiques majeurs, les représentations cessent. Les danseurs et danseuses prennent finalement la direction de Londres deux ans plus tard. À l’image des grands maîtres russes des échecs de l’époque, les corps de ballets sont accompagnés par des membres du KGB (services secrets soviétiques), le gouvernement craignant leur défection.
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