Parce que la France n’est pas le seul pays au monde à aimer les arts et en particulier la danse, aux quatre coins du globe, des étoiles montantes montrent elles aussi de quoi elles sont capables et apportent dans les plus hautes sphères cet art si raffiné. Chacun a su affirmer son style et s’imposer dans son propre univers et avec ses propres atouts. Nous allons vous en présenter quelques-unes aujourd’hui.
- Maude Sabourin : un physique et du tempérament
- Sergei Polunin, le bad boy de la danse classique ?
- Misty Copeland, danse et persévérance
- Charlotte Nebres bouscule les codes du ballet Casse-Noisette

Photo by Fabrício Lira from Pexels
Maude Sabourin : un physique et du tempérament
Voici notre première danseuse aussi appelée “thefitballerina”. Ça vous dit quelque chose ? C’est le pseudo Instagram de Maude Sabourin. En 2017, elle est première soliste des Ballets de Monte-Carlo. La jeune femme ne rentre pas vraiment dans le moule-type de la ballerine. Elle revendique son physique androgyne et musclé.
La danseuse a fait une force de ses attributs naturels a priori non conformes, là où, pourtant, certains lui prédisaient le pire. À la rédaction de Body Langage, c’est tout ce qu’on vous souhaite : trouver votre propre manière d’atteindre vos objectifs, que ce soit en chaussons de danse ou plus généralement, dans la vie.
Les clichés ont la peau dure, tout comme Maude Sabourin
Depuis 2010, Maude Sabourin évoluait comme première soliste sous la direction de Jean-Christophe Maillot, directeur artistique des Ballets de Monte-Carlo. La demoiselle avait quitté son Québec natal onze ans auparavant pour s’installer en principauté. On peut dire qu’elle a réellement découvert l’univers des pointes à ce moment-là.
Maude Sabourin est issue de l’École supérieure de ballet contemporain de Montréal. Alors en classique, elle n’y était pas vraiment. Il a fallu se familiariser avec la tenue de danse de la ballerine mais aussi apprivoiser la finesse et la grâce du geste qui vont avec, malgré un corps tout en puissance.
Dans une interview accordée au magazine Code Sport Monaco, la québécoise raconte que « ça peut devenir complexant parce qu’on passe notre journée en tenue moulante devant un miroir, à nous regarder, à voir ce qui ne va pas. Mon physique un peu androgyne, qui n’était pas assez féminin, pas assez ci ou ça, trop musclé, m’a longtemps complexée. » On apprend aussi que ses profs de danse canadiens lui prédisaient tout sauf de devenir une danseuse classique, brisant du même coup ses rêves de petite fille.
Si encore aujourd’hui la jeune femme grimpe fièrement sur ses pointes en arborant un physique puissant et affûté, cela n’a pas toujours été le cas.

La ballerine Maude Sabourin.
La chance de rencontrer un mentor
Dans l’interview publiée dans le magazine Code Sport Monaco, on apprend que la Québécoise au large sourire n’aimait pas uniquement la danse. Petite, elle fréquentait les parquets de basket-ball, les terrains de foot et les pistes d’athlétisme. Une sportive dans l’âme, donc, qui se réfugiait souvent dans les sapes de son grand-frère plutôt que dans une tenue de danse. Au grand désespoir de sa mère.
De fil en aiguille et alors même qu’elle étudiait la danse, celle qui aimait le travail du corps et l’expression par le geste a fait sa place dans une troupe montréalaise. Ses rêves brisés de danseuse de classique ? En stand-by.
Puis en 2006, alors qu’elle rend visite à un ami engagé dans la troupe monégasque, on lui propose de montrer de quel bois elle se chauffe. « J’ai dû mettre des pointes, je m’étais tiré les cheveux pour faire la vraie fille, comme une petite ballerine, et je suis tombée dès le premier jour (rires) », se souvient-elle. Résultat ? Banco. La voilà catapultée au pays du prince et de l’image lisse. Un dépaysement, pour le garçon manqué du Canada.
Loin de ses parents pour la première fois, elle doit construire de nouveaux repères tout en se bonifiant sur le pan classique. Sa relation profonde et riche avec Jean-Christophe Maillot, danseur et chorégraphe des Ballets de Monte-Carlo, l’y a aidée. Une relation « père/fille », comme elle dit. « Il m’a toujours prise sous son aile », raconte-t-elle. Un professeur qui croit en son élève, quel meilleur moyen d’évoluer ? Un parcours un peu atypique, à la Misty Copeland, plein de force et de détermination.
Transformer ses différences en atouts
Maude Sabourin est donc devenue première soliste à Monaco en 2010. Elle s’est bonifiée auprès de Jean-Christophe Maillot, chorégraphe de talent dont la réputation internationale n’est plus à faire. Plusieurs enjeux de taille attendaient la jeune femme. Travail sur pointes après plusieurs années de danse contemporaine avec le Jeune Ballet du Québec et la troupe des Grands Ballets Canadiens ; et travail sur la finesse que l’on attend d’une ballerine alors qu’on a un corps musculeux et un petit côté garçon manqué. Mais tout cela, lorsqu’on nous fait confiance et qu’on est animée par la passion, on le dépasse.
Elle incarne la nourrice dans Roméo et Juliette, la belle-mère et les sœurs de Cendrillon, la mort dans Faust, Her majesty of the night dans LAC et Carabosse dans La belle au bois dormant. Ce dernier rôle : une prouesse. Elle est la seule femme à avoir incarné ce personnage, originellement composé pour un homme.
« J’ai décidé d’en faire un atout. Oui je suis androgyne, mais je peux faire ça et ça avec mon physique, je peux tout faire. J’ai décidé de le transformer en force », explique-t-elle. « J’ai porté des filles, des mecs […] L’image de la danseuse ne va pas avec la musculation que je fais, mais ça me permet de sauter plus haut, courir vite, de gagner en tout, en fait. »
Et de conclure : « Même si tu n’as pas le physique idéal, les capacités typiques de la danseuse classique, tu peux y arriver. La danse évolue et les mentalités devraient évoluer aussi. » À bon entendeur-danseur ou danseuse en manque d’inspiration…
Sergei Polunin, le bad boy de la danse classique ?
Les fondations de la danse classique viennent de subir un tremblement de terre et il s’appelle Sergei Polunin. Vous ne connaissez pas ce prodige ukrainien ? Body Langage, votre boutique spécialisée dans les articles de danse, vous présente un danseur étoile pas comme les autres.

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Un sacrifice ultime
Issu d’un milieu modeste, Sergei Vladimirovitch Polunin a commencé la danse à l’âge de 3 ans. C’est en constatant son talent inné que la famille décide de faire un « sacrifice ultime », comme le qualifie sa mère. Pour lui offrir un avenir meilleur, l’entourage de Sergei décide à la courte paille qui devra partir à l’étranger pour travailler. Le père est envoyé au Portugal, où il est devenu jardinier. Sa grand-mère émigre en Grèce, pour travailler auprès d’une dame âgée.
Le rêve continue
Grâce à ces efforts, la famille amasse assez d’argent pour que le jeune danseur intègre l’école de ballet à Kiev. Sergei s’exerce alors sans relâche afin que sa famille puisse de nouveau être réunie. Sa détermination n’est pas passée inaperçue car il décroche très vite une audition pour entrer dans l’école du Ballet Royal en Angleterre.
Un vrai prodige
À l’âge de 13 ans, Sergei s’envole pour Londres afin de rejoindre sa nouvelle école. Le jeune ukrainien vient tout juste de franchir le seuil de cette grande institution et pourtant son nom résonne déjà dans les couloirs. Une fois les collants de danse enfilés, le prodige prouve que son titre n’est pas usurpé. Ses prouesses sur le parquet sont tellement phénoménales qu’il saute plusieurs étapes lors de sa formation. Ce qui aurait dû lui demander trois années de dur labeur ne lui a finalement pris qu’une seule année.
Une évolution fulgurante
Âgé seulement de 17 ans, Sergei Polunin intègre la prestigieuse compagnie du Royal Ballet britannique. Quelques temps plus tard, tout juste majeur, il est promu premier danseur. Une première dans l’histoire de la compagnie. Et son ascension ne s’arrête pas là ! En 2012, on le désigne comme danseur étoile. Ce nouveau titre en poche, Sergei devient le danseur masculin le plus récompensé de sa génération.
Pas de côté
Tout se déroule donc parfaitement pour le talentueux danseur ukrainien du Ballet Royal. Il arrive même à concrétiser son rêve en devenant danseur étoile. Malheureusement pour Sergei, l’ascension au sommet se transforme en cauchemar. Qualifié de « bad boy » ou de « wild boy » par la presse britannique, le danseur étoile Sergei Polunin n’a pas fini de faire parler de lui. On vous en dit encore un peu plus sur cet artiste hors du commun.

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Sous les feux des projecteurs
Le problème lorsqu’on est un prodige, c’est qu’on se retrouve bien souvent sous les feux des projecteurs. Aussi célèbre pour les dérapages de sa vie personnelle tumultueuse que pour ses performances sur scène, Sergei devient rapidement la cible de tous les médias. Les journalistes le dépeignent comme un mauvais garçon, un homme sauvage ne répondant à aucune règle. Même si l’on s’en tient à son portrait, il a effectivement tout du rebelle : brun ténébreux aux yeux clairs, tatouages un peu partout sur le corps, scarifications sur la poitrine, drogué… On est bien loin de l’image lisse que l’on colle habituellement aux danseurs classiques.
Scandale au Ballet Royal
En 2012, deux ans après qu’il avait reçu la plus haute nomination qu’un danseur professionnel puisse atteindre dans sa carrière, l’impétueux danseur ukrainien claquait la porte du Royal Ballet une semaine avant la première du ballet « The Dream », dans lequel il tenait le rôle principal. Ce départ précipité ajoute encore plus de crédibilité à l’étiquette du bad boy que lui collent les médias. Mais les raisons qui l’ont poussé à mettre fin à sa carrière de danseur de ballet sont en réalité bien plus sombres.
Du rêve à la réalité
Interrogé en 2017 sur cet évènement, le danseur déchu évoque son mal être après être arrivé au sommet de sa carrière. Avec le recul, il admettait ne pas avoir eu le mental assez solide pour gérer la pression et souhaitait que les danseurs et danseuses soient mieux traité·e·s. Il insistait d’ailleurs sur l’utilité des managers pour danseur : « C’est la seule forme d’art qui ne dispose pas d’un système de soutien digne de ce nom ». Aujourd’hui, le jeune danseur s’est réconcilié avec le milieu de la danse classique, comme en témoigne sa collaboration avec David Lachapelle. Vue par près de 22 millions de personnes, la chorégraphie interprétée par Sergei sur la musique « Take me to church » de l’artiste Hozier montre qu’il n’a rien perdu de sa splendeur !
Chez Body Langage, on est content qu’il n’ait pas abandonné définitivement ses collants de danse !
Le portrait suivant montre que pour réussir en danse, en plus d’avoir un mental d’acier, il faut aussi savoir persévérer.
Misty Copeland, danse et persévérance
Dans de nombreux articles concoctés par la rédaction de Body Langage, votre spécialiste en tenue de danse, nous vous avons souvent répété que cette discipline vous concerne toutes et tous. Plus d’une fois, nous vous avons encouragé à enfiler vos chaussons de danse pour faire quelques pas sur le parquet. Peu importe votre âge, peu importe vos formes. À l’échelle professionnelle, l’exemple que nous souhaitons mettre en lumière aujourd’hui est celui de l’Américaine Misty Copeland.
Le 30 juin 2015, la danseuse noire de 33 ans a été promue danseuse étoile de l’American Ballet Theatre (ABT) de New York, l’une des plus prestigieuses compagnies du monde. La jeune femme aux formes généreuses est la première Américaine à la peau noire à accéder à ce titre prestigieux depuis la création du ballet, il y 78 ans.

https://www.flickr.com/photos/notmydayjobphotography/
Peut-être la connaissez-vous via la publicité qu’elle a faite pour la marque Under Armour, en 2014, évoquant les obstacles dressés sur sa route depuis son plus jeune âge. « Chère candidate, nous vous remercions d’avoir soumis votre candidature, malheureusement, vous n’avez pas été sélectionnée. […] Vous n’avez pas un corps de ballerine, et à treize ans, vous êtes déjà trop âgée pour être admise. » Voilà ce que certaines compagnies prédisaient à Misty Copeland, à l’époque où elle vivait encore dans un motel avec ses cinq frères et sœurs, et qu’elle s’entraînait dur. Deux ans plus tard, elle décrochait son premier concours.

https://www.flickr.com/photos/notmydayjobphotography/
En 2015, elle totalisait quatorze ans à l’ABT, dont huit en solo. À force de persévérance, elle a obtenu le Graal dont toute danseuse rêve. Elle est aussi devenue la première Américaine noire à danser le Lac des Cygnes à La Metropolitan Opera House de New York. « Ma peur, c’est qu’il pourrait se passer encore vingt ans avant qu’une autre femme noire soit dans la position où je suis, dans une célèbre compagnie de danse », a-t-elle écrit dans son autobiographie parue en 2014.
Charlotte Nebres bouscule les codes du ballet Casse-Noisette
C’est un classique à Noël et pourtant, le célèbre ballet Casse-Noisette se voulait différent en 2019, au New York Ballet City. La raison ? Une adorable ballerine âgée de 11 ans qui n’est autre que la première ballerine noire à incarner Marie.
De quoi donner de l’espoir et de la motivation à tous les apprenti·e·s danseurs et danseuses qui revêtent leur justaucorps et leurs demi pointes à chaque entrainement.

Photo by Luis Quintero from Pexels
La danse classique se diversifie
Ce vent nouveau soufflait donc sur le ballet Casse-Noisette, qui est à l’affiche aux États-Unis depuis… 1954 ! Le ballet-féerie imaginé par Piotr Ilitch Tchaïkovski accueillait alors de jeunes danseurs et danseuses de différentes cultures, bousculant ainsi les codes du monde de la danse classique.
En tête d’affiche, Charlotte Nebres, une ballerine noire qui ne cessait d’éblouir le public du New York Ballet City à chacune de ses représentations. Mais elle n’était pas la seule au casting ! En effet, la jeune fille partageait le premier rôle avec une autre ballerine d’origine grecque et coréenne. Le rôle du Prince Casse-Noisette quant à lui était endossé par deux garçons d’origine asiatique.
Des changements qui donnent de l’espoir
La danse classique est une discipline rigoureuse qui, jusqu’à récemment, ne mettait pas assez en avant la diversité de ses pratiquants. Aujourd’hui c’est en cours et c’est une véritable opportunité pour ces jeunes danseuses et danseurs de montrer à tout le monde que, quelles que soient nos cultures, on peut être en tête d’affiche d’un classique !
Seulement sortis de l’enfance, il est certain que ces jeunes danseurs avaient marqué à jamais l’Histoire de la danse classique dans le monde…
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